Dhouha Belhaj , Dar Kenza

Interviews

Dhouha Belhaj , Dar Kenza

Depuis 2014, Dhouha Belhaj accueille dans sa petite maison familiale visiteurs et invités du monde entier qui viennent y séjourner pour découvrir la Médina de Tunis, son histoire et sa culture.

Dhouha nous ouvre ses portes pour nous raconter la genèse de son petit projet, ses aspirations et ses attentes pour le futur.

Mdinti : Quelle est l’histoire de Dar Kenza ?

Dhouha : Dar Kenza c’est notre petite maison. Un havre de paix sans chichi. Nous-mêmes vivons dans la Médina et au cours des années, il est arrivé que l’on sonne à notre porte pour nous demander si nous avions de la place. Nous leur expliquions que nous étions une simple maison familiale mais les gens insistaient en nous racontant leur mésaventure. N’ayant pas trouvé de chambre libre dans les maisons d’hôte ou hôtels de la Médina, ils tentaient leur chance chez les particuliers. C’est donc de là que nous est venue l’idée d’en faire une maison d’hôte. Cette maison faisait partie de la famille de mon époux. Nous l’avons rachetée et y avons fait des travaux pour l’agrandir, rajouter la terrasse qui donne sur le magnifique minaret de la Zitouna. Nous l’avons décoré à notre goût pour y marquer notre héritage. Il y a même des éléments de Matmata, directement de la maison familiale de mon époux.

Mdinti : On ressent une touche personnelle dans la décoration.

Dhouha : Oui, comme je vous l’ai dit, nous y avons mis tout notre cœur. Mon époux est un enfant de la Médina. Il est bijoutier – je porte ses bijoux traditionnels d’ailleurs – et adore créer et travailler de ses mains. Tous les tableaux de la maison ont été peints par mon époux. Ici, chaque pièce de décoration porte une histoire ancrée dans notre petite famille. Tout est fait main avec beaucoup d’amour et de passion.

Mdinti : Kenza… j’imagine que c’est une personne chère à votre cœur pour donner son nom à la maison.

Dhouha : Kenza c’est la prunelle de mes yeux ! Ma fille chérie. J’ai trois enfants. Deux garçons et une fille. Mais Kenza c’est ma préférée. D’ailleurs, c’est la chouchoute de tous dans la famille. Donc naturellement, on a décidé d’appeler la maison « Dar Kenza ».

Mdinti : Quelles prestations vous proposez ?

Dhouha : Nous proposons des suites. Chacune indépendante avec sa propre petite kitchenette. C’est évidemment un Bed & Breakfast où nous offrons l’hébergement et le petit déjeuner. Mais, il arrive pour certains invités, que je me mette moi-même en cuisine en soirée pour leur préparer de bons petits plats typiques à partager. Et pour certains, on partager une recette et je donne des cours détendus de cuisine tunisienne. Parce qu’ici ce qu’on souhaite c’est échanger et faire connaître nos traditions. J’aime faire plaisir et voir dans les yeux de nos visiteurs la satisfaction d’un repas succulent.

Mdinti : Vous semblez être une cuisinière hors pair…

J’ai un souvenir gravé en moi. J’ai reçu deux françaises pour qui j’ai préparé à manger. Simplement, en voulant juste faire plaisir. Elles ont adoré et sont sortis spécialement pour m’acheter un cadeau pour me remercier. De fil en aiguille, on a discuté. Il s’est avérée que l’une d’elle avait un très grand service traiteur en France. Je n’en revenais pas d’être reconnue par une professionnelle du métier. Elle m’avait même proposé de travailler avec elle….

Mdinti : Quelles tranches d’âge vous recevez ?

Dhouha : On va dire que ça commence à partir de la trentaine. Le plus souvent des couples ou des familles. J’ai une fois reçue une dame de 95 ans. Elle était venue toute seule. J’avais tellement peur pour elle mais elle m’a scotchée avec sa force de caractère. Elle nous battait tous à plate couture au jeu de la vie. C’était une belle rencontre.

Mdinti : Et les nationalités ?

Dhouha : Ah ! On en a rencontré du monde entier ! On a même eu un visiteur venu tout droit d’Ushuaia ! Très souvent, on garde le contact avec nos visiteurs autour du monde. Même nous, on a l’impression de voyager tout en étant à Dar Kenza. On a eu le plaisir de découvrir des cultures de tous les continents.

Mdinti : Vous avez une équipe qui vous aide ?

Dhouha : Je me fais aider essentiellement pour le ménage mais sinon l’équipe c’est mon cher époux et moi. On se partage les activités. Chacun sa spécialité. Moi c’est la cuisine comme vous avez pu le comprendre !

Mdinti : Avez-vous des projets en construction pour Dar Kenza ?

Dhouha : J’ai un projet en cours depuis un moment. Je souhaite finaliser une salle de formation qui sera proposée aux groupes qui auraient par exemple des programmes de team building dans la Médina. Mon projet a été malheureusement retardé en raison de la situation sanitaire. La crise nous a obligé à tout mettre en suspens. Mais, on va finir par y arriver car j’ai de nombreuses demandes pour ce type d’activité.

Mdinti : Et rien en rapport avec la cuisine ?

Dhouha : haha ! Je vais bientôt proposer les délices de Dar Kenza ! Des pâtisseries et petites spécialités tunisiennes que je proposerai à nos visiteurs. A la Médina, à partir de 16h, il n’y a plus grand-chose d’ouvert pour manger un bout. Alors je me suis dit que je pouvais combiner entre ma passion pour la cuisine et mon envie de faire plaisir.