Histoire de la Médina

Histoire de la Médina

De sa fondation à nos jours

La Médina de Tunis

Plus d’un millénaire d’histoire

L’histoire de la Médina de Tunis remonte à des temps anciens et est intimement liée à la géographie de son lieu. Perché sur sa colline, nous avons trace d’un petit village berbère dès le IVème siècle avant J.C. À l’époque punique, la colline représentait un parfait point de guet pour observer les allées et venues des navires et caravanes qui se relayaient sur Carthage. Détruit par les romains durant la troisième guerre punique, le village fut reconstruit avant-même sa grande voisine, Carthage.

De simple bourgade à la croisée des chemins, Tunis s’agrandit, prend de l’importance et son essor avec la conquête arabe.

C’est en 698, durant les conquêtes arabes, que le gouverneur omeyyade Hassan Ibn Numan, après avoir entrepris avec succès le siège de Carthage et sa conquête, décide de s’établir dans le petit village perché de Tunis et d’y poser la première pierre de l’actuelle Médina. Tunis est alors un lieu destiné à abriter une garnison et une flotte. Sa position géographique est idéale pour cette entreprise. Elle est séparée de la mer, lointaine de quelques Kilomètres, par un lac qui la protège des flottes chrétiennes, et y est reliée par le canal que creusent les Omeyyades au lieu-dit de Halk Al-Wadi (La Goulette). Tunis joue à cette époque le rôle d’un avant-port de la capitale Kairouan, lui permettant de contrôler le nord du pays et de mener les razzias contre les installations chrétiennes de l’autre côté de la mer.

Hassan Ibn Numan y érige également la première version de l’un de ses monuments les plus célèbres, la Mosquée Zitouna (olivier en arabe) dès 704. Cette mosquée a été construite sur les vestiges d’une basilique chrétienne, qui selon la légende rapportée par Ibn Abi Dinar accueillait le tombeau de Sainte Olive (Zitouna veut également dire olive en arabe). La Zitouna fut la deuxième mosquée construite en Ifriqiya et la deuxième plus grande mosquée de Tunisie après la Grande Mosquée de Kairouan.

Tunis prend peu à peu de l’ampleur et se développe. Le géographe Al-Yaqubi, qui visite la région entre 876 et 889, évoque une « Grande ville », munie d’une enceinte de brique et d’argile, sauf du côté de la mer où la muraille était en pierre.

C’est, en effet, sous les Aghlabides que Tunis connaît son premier essor important. Ils ordonnent la reconstruction complète de la Mosquée Zitouna en 864 qui voit alors émerger un milieu savant, d’érudits et de juristes notamment. Tandis que le quartier du port, autour de la porte de la Mer (Bab Bhar) s’agrandit, Tunis devient le centre névralgique d’un commerce florissant entre les deux rives de la méditerranée et jusqu’au en Égypte et en Syrie.

Le géographe arabe Al-Bakri parle alors de « l’une des plus illustres ville d’Ifriqiya », mais l’une des plus frondeuses aussi. En effet, plusieurs révoltes au sein de l’armée l’opposent à Kairouan, au VIIIe siècle, et surtout au IXe siècle. Pour Al-Bakri, « Tunis s’est toujours distinguée par la fréquence de ses révoltes contre les souverains de l’Ifriqiya et par sa promptitude à résister aux ordres de ses gouverneurs ; plus de vingt fois elle s’est mise en insurrection ».

Les révoltes sont durement réprimées. Celle de 894, a vu l’émir Ibrahim II reprendre la ville par les armes et la livrer au pillage et aux destructions. Sous les Fatimides chiites, Tunis est un des foyers de l’opposition aux califes, notamment à travers le discours et l’action du juriste et dévot sunnite Mehrez ibn Khalaf.

Quand Mehrez ibn Khalaf s’installe dans la Médina, quittant son Ariana natale, dans le quartier de Bab Souika, en 1014, la cité était alors dans la période de fin du règne des Fatimides chiites et de grands troubles. La ville, ses remparts, souks et demeures, pillés, détruits, ne sont pas sortis indemnes de la révolte d’Abu Yazid qui débute le 30 septembre 945. Mehrez participe alors à la construction des nouveaux remparts autour de la médina et y développe des activités sociales, religieuses et surtout politiques pour combattre le chiisme. Il pourvoit la cité en nouveaux souks, qui sont affranchis de tout impôt non coranique. En signe de reconnaissance, les habitants de la ville lui décernent le titre honorifique de « sultan de la médina ». Il aide également les juifs de Tunis à faire valoir leur cause devant l’émir ziride pour les autoriser à prendre refuge dans les murailles et s’installer dans la Médina. La “Hara” juive voit alors le jour dans le quartier de Bab Souika, à proximité de sa demeure. À sa mort, il devient le saint patron de la ville, sous le nom de Sidi Mehrez. Son mausolée, près de Bab Souika, continue aujourd’hui d’attirer les croyants.

Ainsi et malgré quelques passages de l’Histoire qui l’ont vue devenir capitale de l’Ifriqiya, Tunis reste la deuxième ville de la région, derrière Kairouan. Elle n’abrite par exemple que 15 hammams là où Kairouan en compte 48. Bientôt, elle connaîtra se première dynastie indépendante, et un événement en particulier, va permettre cette prise de pouvoir.

Au XIe siècle, le Maghreb en général et la Tunisie en particulier voient la migration de tribus bédouines arabes : les Hilaliens. Ils écrasent les armées zirides et mettent à sac Kairouan. Les zirides et la population de Kairouan et des environs se réfugient alors à Mahdia, mais aussi à Tunis. C’est alors que Tunis connaît sa première dynastie indépendante, de 1059 à 1159, la famille des Banu Khurasan. La ville s’agrandit encore et de nombreux souks vendant des marchandises « dont l’aspect remplit le spectateur d’admiration » (Al-Bakri), ainsi que de nombreux fondouks pour accueillir les voyageurs et commerçants, sont construits. Al-Bakri est ébloui de la richesse de ses habitants, dont les demeures possèdent des portes encadrées de marbre blanc provenant sans doute des ruines de Carthage.

Tunis a, durant cette époque, définitivement relayé Kairouan comme première ville de la région et c’est tout naturellement que le Calife almohade Abd al-Mumin, achevant sa conquête du Maghreb, la choisie comme capitale de la province du Maghreb oriental.

Elle le restera jusqu’à nos jours.

La ville s’agrandit encore et s’organise autour de la Grande Mosquée de la Zitouna, de laquelle naissent ou vers laquelle convergent deux axes : Nord-Sud et Est-Ouest. La Médina, de forme ovale, est entourée par une muraille continue et dominée par une Kasbah, siège du gouvernement des différentes dynasties qui s’y sont succédé (depuis les Banu Khurassan, jusqu’aux Husseinites).

La Mosquée Zitouna et son ancien minaret

En s’agrandissant, La Médina se dote de faubourgs et par là-même d’une seconde muraille. De tous ses remparts, il ne reste aujourd’hui que quelques vestiges de la grandeur d’antan. Autrefois percée de nombreuses portes, il n’en reste aujourd’hui que quatre : Deux en intra-muros : Bab Bhar et Bab Jdid et deux en extra-muros : Bab El Khadhhra et Bab Saadoun.

Le tissu urbain de la Médina va en se densifiant. Divisée en plusieurs quartiers, elle se dote au cours des siècles de nombreux souks (marchés) spécialisés en métiers qui pour certains persistent jusqu’à nos jours : Souk El Blaghjia (confection de la Balgha, chaussure traditionnelle), Souk El Chaouachine (confection de la chechia, coiffe traditionnelle), etc…

Haut lieu de la pensée islamique, la Médina de Tunis abrite de nombreuses mosquées, medersa, zaouias, mausolées et nécropoles. Son monument le plus important reste jusqu’à nos jours La Mosquée Zitouna qui a vu naître la première université islamique porteuse d’une pensée connue et reconnue dans tout le monde musulman. 

Centre névralgique du pays durant plusieurs siècles, la Médina de Tunis abritait les palais et demeures de ces dirigeants et de ses plus grandes familles. Des habitations somptueuses au faste éblouissant qui subsistent jusqu’à nos jours et qui pour certaines ont été transformées en centres culturels, sièges d’organismes et d’associations mais aussi en hôtels et maisons d’hôtes. Par ses souks, son tissu urbain, ses quartiers résidentiels, ses portes, et ses plus de 700 monuments, la Médina de Tunis est parmi celles les mieux conservées du monde islamique et c’est à ce titre qu’elle est inscrite depuis 1079 au patrimoine mondial de l’UNESCO.

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