M’Dinti : Pour une régénération urbaine

Revue de Presse

M’Dinti : Pour une régénération urbaine

La Presse – Haithem Haouel

Les initiatives pour remédier à la sauvegarde de la médina se suivent mais ne se ressemblent pas. En pleine crise du coronavirus, Mdinti, syndicat à but lucratif constitué d’acteurs issus du secteur privé et basé à la Médina de Tunis, a été fondé en mai 2020. Il est actuellement présidé par Leïla ben Gacem. Focus sur ce groupement d’intérêt économique, enregistré en Tunisie, qui compte impacter cette politique de l’urbanisation de la Médina et y remédier.

Ce GIE qui a émergé suite à un partenariat des acteurs de la Médina, bénéficiaires d’un projet piloté par la Berd et financé par l’Union européenne (EU). Des micro-entreprises, offrant une large sélection de produits et de services essentiels à la Médina, se sont réunies à travers M’Dinti, poussées par l’urgence d’agir et conscient  des enjeux existants. Ensemble, ces micro-organismes, déjà existants et opérationnels séparément, pourront agir ensemble et être plus effectifs. M’Dinti se consacrera désormais au marketing territorial, géré par des entrepreneurs déjà à la tête des micro-entreprises actives sur le site.

Valoriser la Médina, mettre en exergue ses richesses, ses trésors, la rendre reluisante, en faire un pôle économique important, principalement artisanal, tels sont les objectifs de Mdinti. Introduire les jeunes dans cette dynamique locale est crucial : améliorer les compétences des jeunes de la Médina dissuadera les compétences jeunes de quitter le pays, et les incitera à investir sur place, attirant et visiteurs du monde entier et investisseurs tunisiens et étrangers.

Des opportunités locales se créeront grâce cette dynamique urbaine, certes, mais foncièrement économique. M’dinti fédère le travail de ces organismes, startup et investisseurs pour un meilleur changement sous une seule marque «M’Dinti». Permettre l’émergence de ce mouvement est une manière de tendre la main à une jeunesse déshéritée, livrée à elle-même, à les embaucher, à les sensibiliser pour la sauvegarde d’une cité propre et sécurisée. M’dinti a été créée pour l’instauration d’une économie partagée.

Cette initiative voit plus grand en fédérant les efforts : la marque voudrait lancer à long terme un lobby économique qui puisse accélérer et concrétiser un développement urbain de la Médina et qui puiserait dans les ressources du site, en incluant le patrimoine matériel et immatériel. L’inclusion de la communauté locale ou d’ailleurs est importante : des locaux ou autres sensibles à la sauvegarde des souks artisanaux, de leurs ateliers et à leur relance économique, sinon de les voir périr. M’Dinti, en fédérant des adhérents, pourra remédier à l’architecture en ruine, à la protection/restauration des sites historiques, à réduire les décharges de déchets où se nichent les toxicomanes et à sécuriser les lieux. Permettre aux instituts de formation, qui ont fermé après 2011, de rouvrir est également important pour mieux encadrer les jeunes. Un travail de fond est nécessaire et urgent pour faire revivre le territoire et cette mission est désormais en marche.

Pour la petite anecdote historique, la Médina de Tunis a été fondée vers le VIIIe siècle : c’est le cœur urbain de la capitale, autrefois clôturé de 17 portes, occupé par des souks artisanaux, des habitations typiques et des palais sur des ruelles étroites. Les portes n’existent plus, mais la Médina est toujours une plaque tournante importante pour le commerce et l’artisanat depuis des siècles de reconversion urbaine, provoquée par les migrants, venus de différentes régions, qui se sont installés sur place avec leurs cultures et leur savoir-faire artisanal, côtoyant ainsi l’ancien colon et d’autres cultures et donnant à la Médina une richesse humaine et culturelle durable.