Khaled Karoui , Dar Ya

Interviews

Khaled Karoui , Dar Ya

Khaled Karoui nous ouvre les portes de « Dar Ya » une auberge conviviale et reposante au bout d’une impasse qui nous coupe de l’effervescence des rues animées de la Médina et plus largement de la capitale, Tunis.

Mdinti : Racontez-nous la genèse de Dar Ya. Comment vous ai venu l’idée ? Et pourquoi avoir choisi la Madina de Tunis.

Khaled : Mon bac en poche, je savais déjà ce que je voulais faire de ma vie. J’ai choisi de faire des études en gestion hôtelière. Après mon master, j’ai débuté en 2000 ma carrière en tant que directeur commercial puis directeur d’hôtel. Avec le temps, comme tout entrepreneur, je nourrissais l’idée de lancer mon propre petit projet d’hôtel de ville. Je me suis donc mis en recherche d’un bâtiment qui correspondrait à mes attentes et j’ai trouvé la perle rare ! A la Médina de Tunis ! J’ai donc acheté ce bâtiment en 2013 et ai tout de suite entamé les travaux de réaménagement et de mise à nouveau.

Mdinti : Comment s’est passée cette rénovation ?

Khaled : On a fait un grand chantier de mise à niveau, notamment sur la plomberie pour introduire le chauffage central et la climatisation. Puis est venue la décoration. J’ai tout fait par moi-même en chinant dans la Médina et en faisant le tour de toutes les foires d’artisanat pour choisir les meilleurs artisans. Le chantier a été long. Nous avons tout de même passés deux ans à peaufiner cet intérieur pour y traduire toute la chaleur que nous souhaitions communiquer à nos visiteurs. Ce n’est donc qu’en 2015 que l’auberge « Dar Ya » a ouvert ses portes.

Mdinti : Justement. Pourquoi Dar Ya ?

Khaled : Ce projet c’est une histoire de souvenirs que je souhaitais raviver. Donner l’occasion à nos inviter de ressentir la chaleur d’une maison avec une histoire. Mes plus beaux souvenirs d’enfance remontent aux journées que je passais à « Dar Ya » soit la maison de Ya. C’est ainsi que nous appelons notre grand-mère à Sousse dont je suis originaire. Le nom m’est donc venu tout naturellement. Quoi de plus reposant que la maison de grand-mère pour passer quelques jours au calme en pleine ville …

Mdinti : On voit que toutes les chambres ont des noms de femmes…

Khaled : Chacune porte le nom d’une des femmes de ma famille. Mongia et Zakia, ce sont mes grand-mères. Narjess, ma tendre et chère épouse. Linda et Sandra, nos filles. Il y a aussi ma belle-mère, mes tantes… J’ai souhaité mettre à l’honneur toutes les femmes de notre famille. Mais la plus grande et la plus belle chambre c’est celle de ma mère, évidemment, Nedra !

Mdinti : Quelle est l’histoire de cette maison ?

Khaled : Évidemment les pierres ont une histoire. Elles ont vu défilés plusieurs générations et personnes aux histoires aussi riches que différentes.  Mais une maison c’est avant tout l’histoire de ses occupants actuels. Donc depuis qu’elle est devenue Dar Ya, elle s’est teinte de nos histoires de famille. C’est notre maison et notre histoire que je souhaite partager avec nos invités. D’ailleurs, dans notre salle de lecture à l’étage, les murs sont tapissés de photos de famille qui sont prétextes à multitudes d’anecdotes que je partage avec nos visiteurs.

Mdinti : Vous avez amené Sousse jusqu’à Tunis….

Khaled : En quelque sorte… J’ai surtout fait la jonction, créé la continuité entre mes deux histoires celle de l’enfance à Sousse et celle de ma vie d’adulte et du futur de mes enfants à Tunis.

Mdinti : Comment pourriez-vous résumer ces six premières années de Dar Ya ?

Khaled : On a ouvert nos portes en 2015. Je ne vous cache pas que la première année a été difficile. Évidemment, c’était le démarrage mais surtout, on a ouvert la veille de l’attentat du Bardo. Et les chocs sur cette année se sont accumulés. La situation sécuritaire était très précaire et évidemment cela s’est répercuté sur le tourisme, notre principal source de revenus. Mais, on a remonté la pente. Les touristes sont revenus petit à petit et c’est allé en s’améliorant crescendo. Chaque année était meilleure que la précédente…jusqu’à 2020. Là, tout s’est arrêté. Le monde s’est arrêté. Une année et demi blanche. Portes fermées. Là, on reprend petit à petit…

Mdinti : Quelles sont les prestations que vous offrez à Dar Ya ?

Khaled : Essentiellement c’est du Bed & Breakfast. On propose donc l’hébergement avec petit déjeuner que nous servons en buffet selon la saison ou dans le patio central couvert ou sur notre terrasse panoramique pour profiter du soleil et de la vue sur les toits de la Médina. Nous proposons le transfert pour les clients. Sinon, bien sûr les espaces communs sont ouverts à tous nos visiteurs pour échanger et créer des liens entre les invités de passage. Nous avons également une cuisine ouverte disponible. Tous ces espaces créent des possibilités de rencontres.

Mdinti : Dar Ya est une auberge. Elle est accessible à toutes les bourses…

Khaled : En effet, nous pouvons être considéré comme un hébergement plutôt économique. D’ailleurs, nous sommes le plus souvent visités par des étudiants ou des voyageurs en sac à dos. Ces personnes qui sont là pour vivre au cœur de la ville et de sa culture. Nous sommes très souvent un point relais pour des voyageurs qui font le tour du monde. On en a même eu qui le faisait à vélo ! Dar Ya est donc une auberge où on peut faire des rencontres insolites. Pour l’anecdote, ce propre patio a vu les prémices de grandes histoires d’amour entre inconnus du bout du monde qui s’y sont rencontrés et ont fini par se marier.

Mdinti : En voilà de belles histoires !

Khaled : Oui ! On adore avoir des Nouvelles de nos invités qui nous contactent pour nous remercier et surtout qui reviennent pour refaire l’expérience.

On espère vivre de nouvelles rencontres et expériences très bientôt ! Vivement que le monde reprenne son court normal.